Mon activité de blogueur
Je n’écris plus beaucoup sur mon blog, faute de temps.
Et pourtant, j’ai toujours des lecteurs. Ils sont d’ailleurs plus faciles à quantifier désormais puisque depuis peu mon site hébergeur ne décompte plus que leur
nombre sur mon compteur, alors qu’auparavant il enregistrait le chiffre correspondant aux pages ouvertes.
Certes, les nombres qui apparaissent sont, du fait de ce changement
de comptage, moindres que dans le passé, mais peut-être sont-ils dorénavant plus justes. Pour autant, je ne sais donc plus combien de rubriques sont ouvertes chaque semaine par les visiteurs. En tout cas, ancien système et
nouveau système additionnés me permettent d’afficher un score de plus de 153.000 fréquentations.
J’ai par ailleurs tant écrit en quatre ans
de blog (207 billets rédigés, soit l’équivalent de 5/6 livres), que celui qui vient me lire a de quoi s’approvisionner, même si les «mangeoires » étaient moins fournies en foin ces derniers
mois !
Le ralentissement de mon activité d’écriture ne tient d’ailleurs pas à un intérêt moindre que je prendrai à tenir
ce blog, ni à une inspiration qui viendrait à s’essouffler.
Mission ADMD toute
Je
suis en réalité de plus en plus accaparé par l’exercice de ma nouvelle mission de Délégué pour le Gers de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD).
J’ai longuement évoqué dans un billet de mai dernier le pourquoi et le comment de mon engagement et du combat que l’ADMD mène pour obtenir en France une loi permettant à chacun
d’entre nous de choisir les conditions et le moment de sa fin de vie, dans le respect bien entendu des convictions des uns et des autres, comme c’est le cas depuis longtemps aux Pays-Bas, en Belgique, et aussi au Luxembourg, en Suisse, dans certains
Etats des Etats-Unis d’Amérique, et plus récemment au Canada.
En effet, pourquoi persévérer quand la vie n’est plus au rendez-vous, et qu’on
se retrouve dans une impasse absolue, avec un corps en état végétatif et/ou un cerveau dégénéré ? 90 % des français sont favorables à cette mort choisie (sondage IFOP 2015) ainsi que
60 % de nos médecins. Je pense à l’instant à ce que disait l’écrivaine Benoîte Groult (1920-2016), soutien inconditionnel de l’ADMD : « C’est par amour pour la vie que je voudrais la
quitter à temps ».
J’ai pour objectif de mieux faire connaître l’ADMD dans mon département (en étant notamment présent sur
les marchés, et en médiatisant nos actions), d’aller à la rencontre des adhérents, d’en accroître le nombre (auprès des jeunes aussi), de nouer des partenariats solides avec les milieux institutionnels et
associatifs, et de provoquer des débats utiles autour des enjeux de la fin de vie, en faisant venir ici par exemple des experts du sujet : dirigeants de l’ADMD, professionnels de la santé sensibles à notre philosophie, les locaux
bien sûr, mais aussi ceux qui pratiquent dans des pays européens voisins où l’euthanasie ou le suicide assisté sont autorisés.
Accueil du
Président national, Jean-Luc ROMERO
J’ai ainsi reçu à Auch le 16 septembre dernier, Jean-Luc ROMERO, le Président de notre association (ci-dessus
photo où il se prête à une signature de son dernier livre, "Ma mort m'appartient"). C’était un peu pour moi le baptême du feu, et j’ai consacré beaucoup d’énergie, avec la petite équipe
qui m’entoure, à préparer ce rendez-vous du mieux possible.
Ce fut une réussite puisque nous avons accueilli 130 personnes (un vendredi soir, au sortir
de l’été, nous ne pensions pas mobiliser si bien), avec un Jean-Luc ROMERO en grande forme, tonique et convaincant. Le public fut conquis, au point que sur les deux tables de documentation que nous avions dressées, tous les
bulletins d’adhésion ont été emportés…
Calendrier
Pour la Journée
Mondiale du Droit de Mourir dans la Dignité, le mercredi 2 novembre prochain, nous serons en matinée sur le marché de Condom (ville Sous-Préfecture du Gers), avant d’offrir le verre de l’amitié à nos adhérents
du coin.
Puis fin novembre, nous réunirons nos adhérents d’Auch et des environs, avant de faire de même d’ici la fin de l’année et début
de l’autre dans les quatre autres zones que j’ai créées pour quadriller le département.
La mort est par ailleurs un thème philosophique majeur,
et, selon les penseurs, la manière d’appréhender la fin de vie peut être très différente. Je m’intéresse ainsi peu à peu aux philosophes qui ont traité du sujet, me sentant proche des stoïciens
qui nous recommandent de penser à la mort tous les jours pour mieux l’apprivoiser.
Le Café Philo d’Auch m’a invité le 25 novembre à
participer à une séance d’échanges d’idées où sera posée la question « Ma mort m’appartient-elle ? », ce à quoi je réponds pour ma part d’emblée
« Oui ! ».
ADMD oui, mais pas seulement
Depuis mon dernier billet en septembre,
et bien que fort pris par mes responsabilités ADMD, j’ai quand même trouvé le temps de me prêter à d’autres occupations.
Jacques Villeret
Parmi celles-ci, le suivi le 18 septembre dernier sur la chaîne Ciné+ Club, tout à fait par hasard, d’un documentaire émouvant, « L’angoissé
qui voulait nous faire rire », consacré à Jacques Villeret (1951-2005), un comédien exceptionnel, parti trop tôt, à 54 ans, victime d’un alcoolisme chronique (il dira à son épouse : « Je
ne suis pas programmé pour vivre », tout en ajoutant : « Un jour, tout ira bien »).
Sa maladie cachait une grave fêlure,
liée à un père algérien dont on lui a caché longtemps l’existence, et qui le décevra profondément lorsqu’il le rencontrera.
Quel
plaisir de le voir jouer dans des films qui en valaient la peine (il a quand même tourné dans pas mal de navets aussi !), promenant une sensibilité à fleur de peau, un air de chien battu, ce qui n’empêchait pas qu’il
nous faisait souvent rire à gorge déployée. Bref, un talent éclaboussant.
Il a commencé sa carrière au cinéma à 22 ans, avec
Yves Boisset, dans « RAS » (il jouera aussi avec lui le fameux « Dupont Lajoie »). Il comptera à son actif quelques 75 films, dont une petite dizaine avec Claude Lelouch. Je retiens surtout « Garçon »
de Claude Sautet (1983) avec Yves Montand, « Les Enfants du Marais » (magnifique !), et « Les Effroyables Jardins », deux films réalisés par Jean Becker (respectivement en 1999 et 2002), et bien
sûr « Le dîner de cons » de Francis Veber (1998), où, aux côtés de Thierry Lhermitte, Francis Huster et Daniel Prevost, le François Pignon qu’il interprétait crevait l’écran
(Jacques Villeret se verra d’ailleurs attribuer l’Oscar du Meilleur Acteur pour ce rôle). Avant de devenir film, ce dîner fut donné au théâtre avec à la clef un immense succès, qui n’atteignit
pas cependant celui obtenu dans les salles de cinéma avec 9 millions d’entrées totalisées.
Journées du Patrimoine
Concert au château de Nux
Les 17 et 18 septembre, nous avons participé, un peu, aux Journées du Patrimoine. D’abord
en assistant en soirée au château de Nux, à 5 minutes de chez nous, à un concert donné par la formation « Le Quatrio » dans l’orangerie XVIIIème de la propriété. Nous avions
d’ailleurs visité ce château lors d’une précédente édition des Journées du Patrimoine. C’est une bâtisse plutôt baroque, du fait qu’au fil des siècles (du XIIIème au
XIXème), elle fut régulièrement transformée, avec un parc aménagé sous le Second Empire.
Je n’étais pas à priori
très enthousiaste à l’idée d’assister à cette soirée musicale car dans ce quatuor de femmes, trois d’entre elles jouaient de la flûte, un instrument que je n’apprécie guère quand
il tient un rôle majeur dans un programme.
Et cela fut le cas dans la plupart des pièces interprétées : concerto en ré mineur d’Antonio
Vivaldi (1678-1741), une mélodie de Reynaldo Hahn (1874-1947), un quatuor en ré mineur de Georg Philippe Telemann (1681-1767), des extraits de Peer Gynt, une œuvre célèbre d’Edvard Grieg (1843-1907), et une suite
espagnole d’Isaac Albeniz (1860-1909).
Mais il y avait Marie-Madeleine Mille au violoncelle ! Quel bonheur de l’entendre en solo dans un Prélude de
Jean-Sébastien Bach (1685-1750), et dans une vocalise de Serguei Rachmaninov (1873-1943) ! Une grâce exceptionnelle dans le jeu de cette musicienne qui a découvert le violoncelle baroque depuis quatre ans seulement, qui joue dans
divers ensembles de la région toulousaine et enseigne parallèlement au Conservatoire à Rayonnement Régional de la ville rose, puis à Perpignan, et enfin à Montauban. Le public, fort nombreux, ne s’y est pas trompé
qui lui a réservé les plus fournis de ses applaudissements.
On doit à l’Association Arts et Musique en Barranais l’organisation de ce concert, et
bravo pour son inlassable travail de promotion d’évènements artistiques mettant en valeur le patrimoine architectural de Barran (une commune située à 5 minutes de notre domicile) et du Pays d’Auch, en facilitant en même
temps l’accès de tous les publics à la culture.
Au château de Manlèche
Le
lendemain 18 septembre, nous nous rendions à Pergain-Taillac, une petite commune de 300 habitants environ, située près de Condom. A l’ordre du jour, la visite du château de Manlèche (construction au XIIIème siècle
et aménagements successifs jusqu’au XVIème siècle).Cette grande bâtisse-forteresse est dotée d’une lourde tour carrée à son extrémité sud-est, et d’une tour hexagonale et
d’une galerie ouverte au niveau de la cour, de l’époque Renaissance. Elle aurait appartenu à la fin du XIVème à la famille de Bertrand de Goth, qui compta dans ses rangs des vicomtes de Lomagne et d’Auvillars,
ainsi qu’un pape, Clément V. La tradition locale fait remonter à ce souverain pontifical le nom gascon du château, Manlèche voulant dire baise-main.
Aujourd’hui
la propriété appartient à une famille qui vit à Cannes, et qui n’a même pas jugé nécessaire d’être là pour faire visiter le domaine, alors que les Journées du Patrimoine permettent
à ceux qui ouvrent leurs portes en cette occasion de bénéficier d’avantages fiscaux non négligeables.
Pire : c’est leur femme de ménage
qui nous guida tout au long de ce parcours (nous avons su sa qualité lorsque qu’elle précisa le nombre d’heures d’aspirateur qui lui était nécessaire pour chasser la poussière dans tant d’espaces).
Un parcours, au demeurant très décevant car nous ne vîmes pas grand’ chose (comme au château de Nux d’ailleurs) : une salle des gardes au rez-de-chaussée devenue le lieu de vie de la maisonnée,
une chambre sans intérêt, et la galerie du château qui n’est rien d’autre que la partie commune de l’étage qui distribue un certain nombre de pièces privées. Et en extérieur une immense piscine
abandonnée, des années 30, témoignage d’une période faste révolue.
Les commentaires furent vraiment de peu d’intérêt,
sauf à noter que notre accompagnatrice parlait du « Maître » quand elle évoquait, avec une tendre nostalgie, le propriétaire d’avant les cannois, qui n’était pour autant ni notaire, ni avocat.
Ce titre, pourtant d’une autre époque, traduisait bien le lien respectueux et obligé qui rattachait encore récemment la domesticité au châtelain.
Olivia
Moore
Vendredi 23 septembre, nous étions à Auch dans le petit et charmant théâtre à l’italienne de l’hôtel de ville. Il est
partie prenante de la nouvelle mairie construite en 1759, un peu dans l’esprit d’un bel hôtel particulier, par l’intendant royal Antoine Megret d’Etigny. On remarque les panneaux à rinceaux des premières loges
qui comportent en leur centre des médaillons représentant des auteurs dramatiques (Voltaire, Shakespeare, Molière, Sophocle…), et le plafond peint représentant la Poésie, l’Eloquence, la Musique et
la Peinture.
Nous étions invités par l’Union Départementale des Associations Familiales du Gers (UDAF), à une soirée qui achevait
la journée de commémoration des 75 ans d’existence de cette association.
Sur scène, une diable d’humoriste, la jeune Olivia Moore, qui nous a fait beaucoup, beaucoup rire, autour d’une série de sketches tous aussi désopilants les uns que les autres. Sur le site de cette excellente one woman show, ce spectacle, qui a
été baptisé à juste titre « Mère Indigne » (de quoi faire tordre le nez au départ des représentants des associations familiales qui remplissaient les rangs du théâtre),
était ainsi présenté :
« On a tous quelque chose en nous d’Olivia Moore ! Une vie qui déborde comme un panier de linge sale, des
enfants qui se roulent par terre chez Carrefour, des ados moulés dans le canapé et un mari qui plane. Ou l’inverse. Ah oui et aussi un boulot qui… enfin qui… un boulot quoi. Et si on n’a pas tout ça, au minimum
on a une mère et Olivia en est une : elle est pire que la tienne et elle assume. Elle gère tout : sa famille recomposée, son job, et l’ex de son mari. Elle a toutes les qualités pour faire une mère parfaite : elle est
cash, caustique, égoïste et décomplexée. »
Les enfants en prennent pour leur grade, et la « mère indigne » va jusqu’à
souhaiter la disparition (c’est pour rire !) de ces petits vauriens quand ils la poussent à bout et lui font perdre son sang-froid.
Cela décoiffe,
et derrière l’humour, les messages sont fortement inspirés des combats menés par les féministes ( Olivia Moore en est assurément), pour être traités à égal avec les hommes, un combat qui n’est
pas encore gagné, tant il y dans le genre masculin de fortes résistances à ces évolutions pourtant si légitimes
Plaisante soirée qui s’est
achevée par la montée sur scène du Président de l’UDAF pour saluer Olivia Moore et la remercier de sa remarquable prestation. L’humoriste l’a gratifié alors, et à plusieurs reprises, de « Mon
chaton », ce qui a déclenché à nouveau les fous rires de la salle. Voilà un sobriquet qui risque de lui coller à la peau un bon moment…
Marie-Claude
Pietragalla et Julien Derouault à Marciac
Le dimanche 9 octobre, nous étions à Marciac, à l’Astrada, pour assister à la représentation
du spectacle chorégraphique de Marie-Claude Pietragalla et de son compagnon Julien Derouault.
Cette dernière création du couple raconte la rencontre amoureuse
entre deux êtres, l’état de grâce qui en résulte, l’évolution de leur relation, leurs sentiments l’un pour l’autre, sans cacher les moments critiques qui peuvent tout emporter, car le temps, s’il
nourrit cette relation, peut aussi l’endommager et la faire disparaître.
Dans la belle brochure de présentation de cette pièce, les deux danseurs écrivent :
« L’amour est un mystère, il s’adresse à notre part d’inconnu. C’est peut-être l’épreuve la plus difficile, le plus haut témoignage de soi ».
Marie-Claude Pietragalla a mené une belle carrière depuis son entrée en 1973 à l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris. En 1990, elle devient Danseuse Etoile sous la direction
de Patrick Dupont, et elle dansera tous les grands rôles du répertoire classique et contemporain.
En 1998, elle est nommée Directrice Générale du
Ballet National de Marseille et de son Ecole Nationale de Danse. C’est là qu’elle rencontrera Julien Derouault, alors danseur soliste, avec qui elle fondera en 2004 Le
Théâtre du Corps . Leur Compagnie propose depuis douze ans, selon un rythme presque annuel, des créations à la fois théâtrales et chorégraphiques, qui questionnent l’inconscient à travers
le corps. L’humain est au centre de leur inspiration et de leur recherche. Que ce soit à travers l’histoire, la mémoire collective ou le rapport à l’intime, leur écriture exprime ce qui constitue et définit
notre humanité.
Les corps des deux danseurs sont gracieux, légers, élégants, et ils enchaînent sous nos yeux, avec une recherche plastique
élaborée, des tableaux techniquement très réussis, qui sont autant de performances suscitant l’admiration du public, et la mienne en particulier. Peut-être parce que c’est trop parfait, on regrette un peu que l’émotion,
la sensibilité, ne soient pas plus palpables dans cette relation d’un homme et d’une femme, car il y va après tout dans cette affaire de l’expression des sentiments et d’une passion amoureuse.
Il y a en accompagnement des musiques inspirantes, de Malher (1860-1911), Vivaldi (1678-1741), Gorecki (compositeur polonais, 1933-2010), Arvo Pärt (compositeur estonien, né en 1935), Yann Tiersen (auteur-compositeur-interprète
français, né en 1970) , Portishead (groupe anglais de musique alternative), et quelques textes bien choisis des grands classiques, comme cette belle manière chez Racine de traduire le sentiment amoureux : « Je le vis, je
rougis, je palis à sa vue ; un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ; mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; je sentis tout mon corps et transir et brûler. »
J’ai apprécié que le spectacle ait pour titre « Je t’ai rencontré par hasard », car c’est là la phrase d’entrée d’une des plus belles
chansons de Léo Ferré, « La vie d’artiste » :
« Je t ai rencontré par hasard,
Ici, ailleurs, ou autre part,
Il se peut que tu t’en souviennes,
Sans se connaître on s’est aimés
Et même si ce n’est pas
vrai
Il faut croire à l’histoire ancienne
Je
t’ai donné ce que j’avais
De quoi chanter, de quoi rêver
Et tu croyais en ma bohême
Mais, si tu pensais à vingt ans
Qu’on peut vivre de l’air du temps,
Ton point de vue n’est plus le même… »
L’Echappée Brel
Le dimanche suivant, 16 octobre, nous étions à la salle des fêtes du
petit village gersois de Bonas (120 habitants), à quinze minutes de la maison, pour participer à "L'Echappée Brel", un récital de chansons du grand Jacques
(1929-1978), dont c’était, une semaine plus tôt (le 9 octobre) le 38ème anniversaire de sa disparition.
Pour les interpréter, Jonatan
Saissi le chanteur, un petit bonhomme qui a des airs de ressemblance avec Jean Dujardin , la carrure en moins, accompagné par Christian Laborde aux guitares, et Fabienne Argiro, au piano, ou à l’accordéon, ou à l’accordina
(instrument de musique à vent, entre accordéon et harmonica), tous trois étant issus du sud-ouest.
Un régal que de réécouter
les paroles (que je connais quasiment par cœur) si ciselées, si travaillées, des différentes chansons programmée cette après-midi là, comme par exemple « Ces gens là », « Amsterdam »,
« Les vieux », « Les bonbons », « Mathilde », « Ne me quitte pas », « Quand on n’a que l’amour », « La chanson de
Jacky », « La valse à mille temps », « Vesoul », « Les bourgeois » , « La quête » (extraite de la comédie musicale « L’homme
de la Mancha »), ou encore « Sur la place », une chanson de 1953, les débuts de Brel, et qui figure sur le premier disque qu’il a enregistré, et « Sans exigences », un inédit
publié en 1981, après la mort du chanteur.
Mais n’est pas Jacques Brel qui veut, car l’homme fut un géant de la chanson française. C’était
non seulement une voix, un parolier, un mélodiste, mais aussi et surtout un interprète. Un interprète sur scène hors du commun, qui donnait tout, et qui refusait les bis parce que justement il n’avait plus rien à donner
à la fin d’un spectacle.
Jonatan Saissi s’attaquait donc à gros, comme on dit familièrement. Au niveau de la voix, rien à dire. Elle
était bien posée, tonitruante quand il le fallait (même si parfois elle était un peu étouffée par le côté trop bastringue du piano), et d’ailleurs le chanteur se produit dans des comédies musicales
et des opéras. Il excellait ainsi dans les airs « galopants » et virevoltants, tels « La valse à mille temps », « La chanson de Jacky », « Madeleine »,
ou encore « Mathilde ».
Mais lorsqu’il s’est agi d’interpréter des chansons plus à « chair » (« Ne
me quitte pas », « Amsterdam », « La quête », « Les vieux », « Sans exigences » …), il lui manquait presque tout, car il n’a pas
su alors transmettre l’émotion, la sensibilité, la force, le rêve, la tristesse, le désamour des messages qu’elles contenaient, faute d’un jeu adapté dans lequel seul Jacques Brel excellait.
Je suis intraitable à ce sujet car je suis depuis mes 14/15 ans (une passion qui a donc plus de cinquante ans d’âge) un « brélien » acharné
(j’ai même fait le voyage des Marquises, pour aller m’incliner sur sa tombe dans l’île d’Hiva Oa), et je ne crois pas possible de copier un tant soi peu le maître, sauf à se casser les dents. C’est vrai
également de Georges Brassens, ou de Léo Ferré (je fais une exception pour Catherine Ribeiro qui a donné une interprétation magistrale de « La Mémoire et la Mer », et pour la chanteuse coréenne
Youn Sun Nah dans "Avec le temps").
J'ai par ailleurs regretté que certaines chansons n'aient pas figuré dans le programme, comme "Jojo", un incontournable texte
sur l'amitié. Il faisait partie au demeurant du disque dit des "Marquises", sorti un an avant la mort de Brel, dont on n'entendit d'ailleurs aucun des douze titres. Et puis j’ai déploré que Jonatan Saissi n’ait pas eu un mot
pour saluer l’artiste, et qu’aucune photo de celui-ci n’ait trouvé sa place en fond de scène. Car après tout, sans lui, il n’y aurait pas eu d’ « Echappée Brel »…Et c’est
quand même lui que le public de Bonas était venu rencontrer, par le truchement du souvenir, et c’était lui encore qu’il a longuement et chaleureusement applaudi, debout, à la fin de la représentation.
Fait le 20 octobre